Les uvéites

Les uvéites sont des inflammations intra-oculaires d’apparition brutale. L’œil est rouge, sensible, mais ne présente pas de sécretions anormales contrairement à la conjonctivite. L’inflammation est extrêmement délétère pour la vision et les structures oculaires. Un traitement anti-inflammatoire par collyres corticoïdes, associé au besoin à un traitement causal est indispensable. La maladie évoluera par poussées successives tout au long de votre vie. Un traitement précoce de chaque crise et un suivi spécialisé est donc indispensable.

Uvéite
Source MyVision.org

Qu’est qu’une uvéite ?

  • Les uvéites sont un groupe de pathologies inflammatoires affectant l’uvée. Le plus souvent, l’oeil sera rouge, douloureux, accompagné d’une baisse d’acuité visuelle plus ou moins marquée et souvent de photophobie (gêne à la lumière).
  • Il s’agit d’une maladie le plus fréquemment unilaterale, même si les deux yeux sont parfois touchés (de façon synchrone ou décalée dans le temps). D’autres symptômes tels que les myodesopsies (impression de percevoir des mouches volantes dans le champ de vision) peuvent également révéler des uvéites.
  • Les uvéites sont des pathologies assez fréquentes, qui constituent d’authentiques urgences ophtalmologiques. En effet, un traitement précoce et bien conduit permettra le soulagement rapide des douleurs et de limiter la survenue des principales complications (synéchies irido-cristalliniennes, cataracte, hypertonie…).

Les symptômes

Les symptômes sont très variables d’une uvéite à une autre et d’une personne à l’autre. Ils sont en général assez soudains. Quelques uvéites peuvent rarement être asymptomatiques. Le plus souvent, elles se manifestent par un œil rouge, une douleur, une vision troublée associée à une sensibilité à la lumière nommée photophobie, pouvant atteindre l’un ou les deux yeux et susceptible de récidiver.

  • Uvéite antérieure – Il s’agit de la forme la plus courante, dite « uvéite antérieure aigüe ». Elle s’accompagne souvent de douleur, de rougeur, de troubles visuels et photophobie.
  • L’uvéite intermédiaire – Il s’agit de la moins fréquente et son évolution est progressive. Elle est caractérisée par une absence de douleur, l’apparition de corps flottants (myodesopsies) et une baisse de la vision.
  • L’uvéite postérieure – Aussi appelée rétinite ou choriorétinite – Elle peut provoquer une baisse de l’acuité visuelle profonde et l’apparition de corps flottants. Les douleurs ne sont pas systématiques. Il s’agit d’une uvéite souvent grave, et parfois cécitante.
  • La panuvéite – Forme grave, elle regroupe les trois atteintes.
Les uvéites symptômes
Uvéite

Les causes

Il s’agit d’un volet important de cette maladie. En effet, si 80% des uvéites sont « idiopathiques » (sans cause retrouvée), l’ophtalmologiste vous prescrira le plus souvent un bilan « étiologique » (à la recherche d’une cause) assez large. Il inclura une prise de sang, une radiographie pulmonaire et une recherche de la tuberculose. Dans les cas d’uvéites secondaires les pathologies les plus fréquemment associées sont : 

  • Les maladies auto immunes – Spondylarthrite ankylosante (HLAB27+), la maladie de Crohn ou encore le psoriasis.
  • Les maladies infectieuses – Comme la toxoplasmose, la syphilis et la tuberculose (ces deux dernières étant fort heureusement très rares).

Zoom sur la toxoplasmose – Choriorétinite infectieuse récidivante.

  • Un parasite appelé toxoplasma gondii est présent de manière dormante chez 50 à 80% des Francais.
  • Nous nous infectons dans l’enfance en caressant un chat ou en mangeant des fruits ou légumes crus.
  • Il arrive que l’infection se réactive dans la rétine, entrainant une inflammation brutale de celle-ci et de son enveloppe nourricière : la choroïde.
  • Il s’agit de la choriorétinite à toxoplasmes, cause la plus fréquente d’uvéite postérieure ! Un chapitre est consacré à la toxoplasmose oculaire en lien.

Physiopathologie et anatomie

  • L’uvée correspond aux tissus composés de l’iris, des corps ciliaires et de la choroïde.
  • L’iris est la partie colorée de l’œil permettant de réguler la quantité de lumière arrivant jusqu’à la rétine, les corps ciliaires un ensemble de muscles reliés au cristallin permettant à l’œil de mettre en jeu le processus d’accommodation et la choroïde une couche entre la sclère et la rétine permettant la vascularisation de la rétine.
  • Selon la zone de l’uvée inflammée on distinguera différents types d’uvéite : antérieure (la plus fréquente), intermédiaire, postérieure et la panuvéite qui regroupe les trois précédentes.
  • En cas d’uvéite antérieure, c’est le segment antérieur (en particulier la chambre antérieure) qui est atteint. Une iridite correspond à l’atteinte de l’iris, l’iridocyclite concerne l’iris et les corps ciliaires.
  • L’uvéite intermédiaire concerne l’humeur aqueuse et le corps vitré qui constituent la majorité du volume oculaire.
  • L’uvéite postérieure ou choroïdite est une atteinte de la choroïde. Le jour de la consultation, un fond d’oeil sera systématiquement réalisé à la recherche d’une uvéite « postérieure ».
  • On parlera de panuveïte lorsque la totalité de l’uvée est atteinte.

Diagnostic

Le diagnostic d’uvéite est clinique et réalisé à l’aide du microscope de table (lampe à fente) et au fond d’œil. L’ophtalmologue retrouve le plus souvent :

  • Une hyperhémie – Œil rouge et vaisseaux dilatés.
  • Un effet Tyndall – Des cellules inflammatoires sont en suspension en chambre antérieure (entre la cornée et l’iris).
  • Des précipités – Des cellules inflammatoires se collent à la face postérieure de la cornée.
  • Des synéchies – L’iris se colle au cristallin.

En cas de forme complexe, notamment d’uvéite postérieure, l’ophtalmologue complétera son bilan par :

  • Un OCT – Scanner haute résolution de la rétine, à la recherche d’une inflammation ou d’un œdème de la macula.
  • Une angiographie – Un colorant est injecté dans une veine du bras. Il diffuse aux vaisseaux de la rétine. L’ophtalmologue réalise ensuite des photographies spéciales afin de rechercher des foyers inflammatoires.

Conduite à tenir et traitement

Il est indispensable de consulter en urgence en cas d’uvéite, pour éviter la survenue de complications. La recherche d’une forme postérieure par réalisation d’un fond d’oeil, d’hypertonie oculaire et de synéchies sera systématique en consultation. En cas d’uvéite postérieure, une angiographie sera réalisée. Le traitement repose sur des anti-inflammatoires sous forme de collyres, administrés à très haute fréquence, pour réduire l’inflammation.

Les collyres anti-inflammatoires corticoides

  • Administrés de façon horaire au début de la maladie, puis de façon décroissante, ce sont eux qui assureront la guérison.
  • Quelquefois, une première dose peut être administrée par injection (voie sous conjonctivale ou latéro-bulbaire).
  • Les corticoïdes sont poursuivis de manière prolongée pendant 4 à 6 semaines en moyenne.

Les collyres mydriatiques

  • Systématiquement associés aux corticoides, ils dilatent la pupille, ce qui soulage les douleurs et prévient la survenue de synéchies iridocristaliennes.
  • Ce collyre est responsable d’une vision floue temporaire qui se prolongera durant toute la durée de leur utilisation.

Traitement de la cause si besoin

  • En fonction de l’éventuelle cause retrouvée, un traitement de celle-ci sera proposé. Par exemple, en cas de tuberculose, celle-ci sera traitée pendant plusieurs mois par antibiotiques.

Peut-on guérir définitivement les uvéites ?

  • Malheureusement non ! Faire une première poussée d’uvéite demeure une véritable épée de Damoclès pour le reste de la vie.
  • En effet, une nouvelle inflammation peut survenir à n’importe quel moment et sans prévenir. Le plus souvent les patients demeurent marqués par la première poussée et le retard et diagnostic. Les fois suivantes, ils consultent un ophtalmologue de manière très précoce.
  • A noter, il arrive à certains ophtalmologues de laisser une  ordonnance de traitement à auto déclencher, afin que les patients connaissant très bien leur maladie puissent démarrer le traitement dès les premiers symptômes.

Complications

L’uvéite est une urgence ophtalmologique. Plus le diagnostic est établi rapidement et plus le traitement est mis en place précocement, meilleur est le pronostic.

En cas de poussée résistante à un traitement médical, ou retard de prise en charge, certaines complications peuvent survenir :

  • Hypertonie oculaire et glaucome – Par formation de synéchies (adhérences) entre l’iris et le filtre régulant la tension oculaire (trabéculum).
  • Cataracte – L’inflammation oculaire abime le cristallin, la lentille oculaire permettant de réaliser la mise au point. Celui-ci devient opaque et brouille la vision : c’est la cataracte.
  • Décollement de rétine exsudatif – En cas d’inflammation oculaire très importante, des poches d’œdème peuvent se former sous la rétine. On parle de décollement de rétine exsudatif. Attention, il s’agit d’une forme de décollement de rétine particulière, ne devant pas être opérée.

Auteur

Marie Seminel

Le Dr Marie Seminel est chirurgien ophtalmologue spécialiste de la rétine (médicale et chirurgicale) et du glaucome et de la chirurgie réfractive. Elle opère également la cataracte.

  • Glossaire
  • Pathologies
  • Rétine, vitré et macula
  • Segment antérieur : cristallin, cornée et conjonctive
  • Urgences ophtalmologiques

5 commentaires

  • Sib Isaïe picture

    Bonjour docteur, je voudrais savoir combien de jours dure un le traitement du tymdall (début)?

    Répondre
  • Laurent Pereira picture

    Bonjour Docteur,
    Merci pour vos explications.
    A la suite d’une poussée de ma maladie de Crohn j’ai eu une uvéite, j’ai reçu une traitement par corticoïdes.
    Depuis cette période j’ai beaucoup de « mouche » dans mon champ de vision.
    Y a t’il un traitement pour réduire significativement ce problème ?
    Merci d’avance pour votre retour.

    Répondre
  • LE PORT picture

    Bonjour Docteur,
    Suite à une uvéite antérieure sévère, j’ai également eu une sclérite après.
    Mais pour moi aujourd’hui ce qui est très invalidant ce sont des céphalées intenses qui me réveillent la nuit malgré un scanner et irm avec angio les médecins ophtamologues ne trouvent pas la cause. Y a t’il d’autres cas comme le mien. Cela fait 4 mois maintenant que je vis un enfer.
    Merci pour votre réponse.

    Répondre

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