Œdème papillaire et hypertension intracrânienne
L’œdème papillaire est le terme utilisé si vous présentez un gonflement du nerf optique causé par une augmentation de la pression intracrânienne ou une inflammation du nerf optique (névrite optique). Il doit être distingué du faux œdème lié à l’accumulation de concrétions calcaires (drusen) sur le nerf optique. L’œdème papillaire est souvent diagnostiqué par l’ophtalmologue au fond d’œil, mais exploré par le neurologue. L’augmentation de la pression intracrânienne n’a le plus souvent aucune cause retrouvée, on parle hypertension intracrânienne idiopathique (HTIC idiopathique). Plus rarement, l’œdème est causé par tumeur cérébrale, une inflammation du système nerveux, une thrombose veineuse cérébrale.
Qu’est-ce que l’œdème papillaire
- L’œdème papillaire est un gonflement du nerf optique, généralement causé par une augmentation de la pression dans le cerveau.
- Cette augmentation de pression intracrânienne empêche le drainage lymphatique oculaire occasionnant un gonflement du nerf optique et donc un œdème de la papille (extrémité du nerf optique au fond d’œil).
Symptômes
Les principaux symptômes devant faire rechercher un œdème papillaire et une hypertension intracrânienne sont :
- Des céphalées (maux de tête) prédominant le matin au réveil ou tête penchée en bas.
- Des nausées et vomissements le matin au réveil.
- Des acouphènes pulsatiles.
- Des obscurcissements visuels transitoires – Traduisant une souffrance du nerf optique.
- Des épisodes de diplopie binoculaire (vision double) intermittents et transitoires.
L’œdème papillaire est en fait le plus souvent asymptomatique ou recherché dans le bilan de céphalées (maux de tête) demandé par le médecin traitant, un neurologue ou le patient lui-même.
Causes
Comme indiqué ci-dessus, l’œdème papillaire est dû à une augmentation de la pression intracrânienne (PIC), quelle qu’en soit la cause. La PIC normale est généralement inférieure à 250 mm d’eau chez l’adulte, mesurée lors d’une ponction lombaire.
L’augmentation de la pression intracrânienne peut être causée par cinq mécanismes :
- En cas d’obstruction de l’écoulement du liquide céphalo-rachidien (LCR), le liquide nutritif entourant les nerfs et le cerveau.
- En cas d’augmentation de la production ou de réduction de l’absorption du LCR.
- Lorsque le crâne est trop petit pour le cerveau.
- Lorsque le volume du cerveau devient trop important pour le crâne, par exemple en raison d’une lésion occupant l’espace : tumeurs, hémorragie ou œdème post-traumatisme crânien.
Quand aucune cause évidente n’est retrouvée, on parle d’hypertension intracrânienne idiopathique. Il s’agit en fait de la cause la plus fréquente d’œdème papillaire.
Le développement d’un œdème papillaire peut prendre des semaines s’il n’y a qu’une augmentation lente et légère de la pression intracrânienne, mais des changements sévères et rapides de la pression peuvent provoquer un œdème papillaire en quelques heures.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque de l’hypertension intracrânienne idiopathique (HTIC), cause la plus fréquente d’œdème papillaire sont :
- Une prise de poids récente.
- Les maladies thyroïdiennes – Hypo ou hyperthyroïdie.
- Le syndrome des ovaires polykystiques.
- L’anémie – Baisse des globules rouges.
- L’apnée du sommeil.
Diagnostic
L’examen du fond d’œil, qui permet de constater un œdème de la papille optique aux 2 yeux. Le reste du bilan ophtalmologique permet d’exclure un pseudo-œdème. Les examens sont choisis en fonction de la suspicion diagnostique :
- L’OCT – Confirme la présence de l’œdème et permet de le mesurer. Il est quasiment toujours réalisé.
- L’échographie oculaire – À la recherche de drusen profonds du nerf optique.
- La photographie en auto-fluorescence – Mettant en évidence les drusens superficiels.
- L’angiographie à la fluorescéine – Recherchant une inflammation du nerf optique.
- Le champ visuel – L’examen permet de retrouver un élargissement de la tache aveugle.
Afin de retrouver la cause de l’œdème papillaire, il faut réaliser une IRM cérébrale (ou à défaut un scanner). L’examen permet de confirmer la dilatation des ventricules cérébraux et recherche une thrombose, une hémorragie, une tumeur ou autre.
L’importance de l’hypertension peut également être quantifiée en réalisant une ponction lombaire, elle retrouve une pression intracrânienne élevée.
Traitement
Les objectifs de la prise en charge sont :
- Traiter la cause de l’HTIC si approprié
- Soulager les symptômes, notamment les céphalées
- Sauver la vision – Le sauvetage repose en fait sur le traitement de l’HTIC
Zoom sur le traitement de l’HTIC idiopathique
L’hypertension intracrânienne idiopathique est la principale cause d’œdème papillaire. Son traitement repose sur la prise en charge des facteurs de risque et les médicaments :
- Perte de poids – La perte recommandée est de 5 % à 10 % pour améliorer les symptômes et les signes de PIC élevée.
- Éviction des médicaments favorisants.
- Contrôle des facteurs de risque sous-jacents – Maladie de la thyroïde, anémie, apnée obstructive du sommeil, …
- L’acétazolamide (Diamox®) – Le médicament est un anti-œdémateux également utilisé dans le glaucome. Il a montré son efficacité dans le traitement de l’HTIC idiopathique.
Pronostic et complications
- L’œdème papillaire chronique entraîne une dégénérescence du nerf optique avec altération du champ visuel et à la fin une perte d’acuité centrale.
- Les patients (en particulier ceux atteints d’HTIC idiopathique) doivent être suivis en fonction de la gravité de leur atteinte pour prévenir la perte de vision. La cause la plus fréquente de récurrence de l’HTIC est la prise de poids.